La chanson française, matrice des engagements pluriels
Lino Ventura : la droiture éthique du cinéma français
Bien qu’on cite volontiers les figures du rap, Kery James s’est toujours montré sensible aux modèles d’intégrité portés par des acteurs de cinéma. Dans le documentaire Banlieusards (Netflix, 2019), il évoquait Lino Ventura comme la synthèse d’un certain courage à toute épreuve. Si Ventura n’était pas chanteur, la justesse avec laquelle il incarnait des personnages droits, résistants mais humains, fait écho à ce qui hante la mythologie keryjamesienne.
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Lino Ventura (1919-1987) : acteur engagé pour les enfants handicapés (création de Perce-Neige en 1966), il incarne dans le cinéma une forme de droiture que Kery James brandit comme une boussole morale.
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Cette influence va au-delà de la musique, touchant à l’idée d’exemplarité et de responsabilité.
Jacques Brel : l’introspection et l’humanité
Brel : l’homme qui disait « Il nous faut regarder la réalité en face, surtout quand elle dérange ». Jacques Brel inspire Kery James dans sa capacité à aller jusqu’à l’os, à ne jamais travestir la douleur ou la tendresse sous le poids du cynisme ambiant. Quand Kery écrit dans « Racailles » ou « Viens je t’emmène », il partage avec Brel la quête du mot juste pour saisir le cœur du malaise social.
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Jacques Brel (1929-1978) : l’entrelacement de textes taillés au scalpel et d’une dimension universelle. Un idéal que revendique Kery James pour « toucher l’intime tout en parlant de l’universel » (interview, Le Parisien, 2017).
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Thème du « Ne me quitte pas » réinterprété, chez Kery, comme une question adressée à la France, à l’enfance, à l’espoir.
Georges Brassens et l’irrévérence réfléchie
Georges Brassens, chantre du verbe piquant et de la contestation douce, inspire la façon qu’a Kery James de manier la provocation comme un aiguillon plus que comme une arme. Brassens incarnait une subversion tranquille, une manière de moquer le pouvoir sans hurler. Ce goût pour l’ironie – qui traverse les morceaux « Constamment je me relève » ou « Bicentenaire » – rappelle combien l’engagement peut être aussi affaire de nuances.
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Georges Brassens (1921-1981) : ses chansons « Le Gorille » ou « Chanson pour l’Auvergnat » ont ouvert la voie à une contestation sans haine, ce dont Kery James use dans ses morceaux les plus doux-amers.
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Ici, la satire sociale sert moins à démolir qu’à appeler une prise de conscience.