L’artiste engagé : La cristallisation d’une voix contestataire
La fin des années 2000 et les années 2010 sont celles d’une maîtrise totale de son art et de son propos. Après un retour remarqué avec Ma vérité (2005), un album qui mêle engagement et récits personnels, Kery James signe son chef-d’œuvre avec A l’ombre du show business (2008). Loin des paillettes et des concessions commerciales, cet album est une réflexion amère sur la société française.
Le morceau phare, Banlieusards, est une déclaration d’amour, mais aussi un cri de lutte pour les habitants des quartiers marginalisés : « Être banlieusard c’est juste une question de localisation ». Il réaffirme avec force son appartenance à cette France invisible, souvent caricaturée, et offre aux oubliés de la République une fierté dans l’adversité.
Son évolution ne se limite pas au contenu des textes. Musicalement, il explore de nouvelles sonorités. Violons, pianos et refrains chantés enrichissent les productions et racontent la maturité artistique d’un homme qui a compris que l’impact émotionnel fonctionne aussi à travers la mélodie.
Dans 92.2012, il affirme : « Je fais du rap pour les minorités ». Ce positionnement, unique dans le rap français, fait de lui une figure incontournable dans les débats publics sur la condition sociale et raciale.