La France : un terreau d’engagement politique et social
Si Haïti offre à Kery James une base identitaire et une mémoire collective, c’est en France qu’il a forgé son engagement. Dès son plus jeune âge, il est confronté à la dure réalité des quartiers populaires, aux stigmates de l’immigration et aux défis de vivre entre deux cultures. La France, tantôt terre d’opportunités, tantôt bourreau institutionnel, devient le prisme à travers lequel il construit son militantisme artistique.
Des morceaux comme "Banlieusards" et "Racailles" mettent en lumière la précarité et le racisme systémique qui gangrènent une partie de la société française. Ces textes, bien qu’enracinés dans sa propre expérience, résonnent auprès d’un large public car ils appellent à une prise de conscience collective sur les inégalités sociales et raciales.
Son français, enrichi d’images, de rimes denses et de vocabulaire sophistiqué, est un autre exemple de cette hybridité culturelle. En même temps, il utilise cette langue comme une arme pour affirmer son universalité tout en revendiquant son droit à la différence, comme le montrent des paroles telles que "La France s’enrichit de métissage, qu’elle rejette en bloc".
L’universalisme au cœur de son œuvre
Alors que ses textes analysent avec acuité les fractures sociétales françaises, Kery James ne s’enferme pas dans l’opposition binaire ou dans une rhétorique de rejet stérile. Il interpelle, dialogue, et parfois interpelle l’auditeur au-delà du simple cadre national. La France, avec ses tensions, devient une métaphore pour parler de la condition humaine, de l’exil, et des injustices universelles. Cette capacité à transcender les frontières idéologiques et géographiques est sans doute l’héritage d’une double culture qui l’amène à voir le monde dans toute sa complexité.