Vers une redéfinition de l’artiste-citoyen ?
L’engagement de Kery James invite à revisiter la place de l’artiste dans la cité. Il rappelle que le verbe est politique, mais aussi pratique. Peut-on se satisfaire de textes percutants sans rêves réalisables, d’une poésie coupée du réel ? Le rappeur répond par l’action, bousculant l’attentisme ambiant et l’indifférence érigée en posture esthétique.
Son parcours, fait d’obstination, de discrétion et d’ouverture, laisse ainsi entrevoir toute la puissance subversive d’une générosité soustraite à l’autopromotion. C’est là que se joue, sans doute, l’avenir du rap engagé : non plus seulement une voix qui s’élève mais une main qui se tend, pour accompagner, relayer, réduire l’écart entre l’art et la vie.
À l’heure où la défiance envers les institutions ne cesse de croître, cette nouvelle figure du rappeur-citoyen pourrait bien dessiner un nouvel horizon. Non pas celui d’un salut individuel, mais d’une reconstruction patiente et solidaire – pierre après pierre – “au cœur des rimes et au cœur du monde”.