Lyrisme, technique, engagement : des codes renouvelés
IAM : érudition, spiritualité et références croisées
IAM introduit dans le rap la notion d’Histoire “avec un grand H”. Passant de l’Égypte antique à la colonisation, de l’Islam à la mythologie, le groupe mobilise la puissance de l’allégorie. Akhenaton, Shurik’n et consorts offrent une plume à la fois poétique et politique — des textes qui ressemblent à des leçons de choses pour une France qui doute de ses racines. “Petit frère”, “Demain c’est loin”, “Nés sous la même étoile” sont devenus des classiques — et pour beaucoup, une porte d’entrée vers une réflexion sur leur propre identité (source : France Culture, 2019).
- IAM est l’auteur du morceau de rap français le plus long : “Demain c’est loin” (9 minutes 40, 1997), considéré comme l’apogée narrative et introspective du genre (source : Tracklisting, Genius.com).
- Le groupe a ouvert la voie à une génération d’artistes engagés (Keny Arkana, Nekfeu, Médine), prouvant que le rap pouvait être, à la française, un art du verbe voir de la lutte intellectuelle.
NTM : électricité, urgence et contestation
NTM est le cri. À rebours de l'intellectualisme d’IAM, NTM revendique la rage et la résistance, fruits d’une société à vif. Leurs morceaux s’attaquent à la brutalité policière, à l’exclusion, au racisme institutionnel, sans détour. À la différence de leurs contemporains, NTM assume une énergie punk qui transcende le rap classique. Ils deviennent le porte-voix de la jeunesse de la Seine-Saint-Denis, et la target constante de la censure (procès pour “Police” en 1995).
- NTM devient le premier groupe à remplir Bercy avec un concert de rap français en 1998 (source : L’Humanité). Un acte fondateur qui légitime la “banlieue” dans l’espace médiatique.
- Leur plume, immédiate et tranchante, reste la matrice des rappeurs “conscients” : La Rumeur, Kery James, Casey (source : Rap Mag, 2010).