Des ponts jetés outre-Atlantique : le souffle du rap américain
Pour saisir l’empreinte des rappeurs américains sur Kery James, il faut remonter à ses débuts au sein d’Idéal J, dans un contexte où le hip-hop hexagonal cherche encore sa langue. Nul secret : comme une partie de sa génération, Kery James se nourrit d’abord au lait noir de la East Coast. On retrouve dans ses structures narratives et la gravité de ses thèmes l’influence de figures telles que Naz, Wu-Tang Clan ou Mobb Deep, dont la rigueur dans le storytelling et la peinture sociale a redéfini le genre dans les années 90 (cf. Les Inrocks).
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Nas : Son album Illmatic (1994) a marqué toute une génération. Kery James en reprend la précision dans la narration des réalités urbaines, l’ancrage dans la vie de quartier et la capacité à transcender la chronique pour toucher à l’universel.
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Public Enemy : Leur engagement radical, la place centrale accordée à la revendication politique et sociale, anticipent certains choix esthétiques de Kery James — notamment sur l’album Ma vérité et dans le morceau "Banlieusards".
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Rakim : Précurseur dans le jeu sur les rimes internes, Rakim a influencé la façon dont Kery James aborde la technique, la découpe milimétrique des syllabes et le flow syncopé.
L’emprunt n’est jamais servile : Kery James n’hésite pas à prendre ses distances avec la glorification du gangsterisme, préférant la densité intellectuelle à la violence gratuite. Signe des temps, c’est aussi par le biais de la mixtape, format importé des US, qu’il répand ses premières bombes verbales avec Idéal J.