Une plume aiguisée et un propos intemporel
Ce qui distingue Kery James dans J’rap encore, c’est cette capacité unique à écrire des textes ciselés, aux punchlines percutantes et aux rimes riches. Prenons, par exemple, la façon dont il scande dans le morceau titre « On fait du rap conscient dans l’fond / Pas du rap qui s’vend ». Avec une simplicité déconcertante, Kery évacue ici toute tentative de compromission artistique. Le succès commercial ne semble jamais être son moteur ; ce qui importe, c’est la force et la justesse du message.
Mais cet album est également marqué par une capacité rare à jongler entre des textes socialement engagés et des moments de profonde introspection. Dans « Amal », l’artiste explore des thématiques universelles comme l’amour et la résilience. Ce morceau, qui raconte le parcours d’une jeune femme confrontée aux jugements, transcende les contextes spécifiques et invite à une écoute universelle.
Des morceaux marquants et une diversité musicale
L’une des grandes forces de cet album réside dans la diversité musicale et narrative qu’il propose. Si certains titres comme « Le mélancolique » rappellent la tonalité sombre et introspective de l’album A l’ombre du show business, d’autres comme « À qui la faute ? » fonctionnent comme des pamphlets politiques, impliquant directement l’auditeur au sein du débat. Cela témoigne également d’un équilibre entre storytelling et engagement pur.
Sur le plan musical, J’rap encore ne se contente pas de revenir à un boom-bap classique. Kery James s’entoure de producteurs modernes tout en conservant une certaine sobriété dans les arrangements. Le résultat ? Une alchimie entre une approche old-school et une modernité qui lui permet de toucher un public large. Cet équilibre se retrouve dans l’accueil critique de l’album : il se classe dans le top 10 des ventes dès sa sortie et obtient un Disque d’or quelques mois plus tard.