L’école, expérience personnelle, cicatrice collective
Il faut d’abord comprendre le rapport viscéral de Kery James à l’école, à la lumière de son histoire. Né en 1977 aux Abymes, élevé à Orly, Kery évolue dans un environnement où l’école est souvent perçue comme un miroir aux alouettes, loin du monde, loin des cités. Et pourtant, ses propres mots le confessent en interview (cf. RapMinerz, 2019) : c’est dans les salles de classe qu’il s’arrime à une langue, à une culture française, mais aussi à la conscience des fractures de la société.
Contrairement à d’autres figures du rap qui ont claqué la porte du système éducatif, Kery James n’a jamais cultivé l’échec scolaire comme une épopée héroïque. Il en parle comme d’un lieu de tension :
- Un lieu de stigmatisation – les notes qui peuvent entériner le déterminisme social.
- Un vaste laboratoire – où se joue la construction de l’identité entre plusieurs cultures.
- Un espace de résistance symbolique – où l’espoir peut s’accrocher à un professeur qui croit, à une parole entendue.
Cette dualité se retrouve d’ailleurs dans ses textes et ses prises de parole publiques. Dans le documentaire « Banlieusards » de Leïla Sy et Kery James (Netflix, 2019), la scène d’ouverture n’est autre qu’un débat en classe, miroir de sa propre philosophie : la salle de classe, terrain d’affrontement d’idées, forge des consciences.