Convergence des thématiques : amour, foi, douleur
Si la soul et le gospel nourrissent la facture musicale des morceaux de Kery James, c’est aussi dans leur bagage thématique que leur influence est la plus profonde. La soul, c’est l’expression de blessures intimes, de l’espoir lucide, de l’amour inconditionnel et contrarié. Le gospel, une foi en la possibilité de la rédemption collective.
Dans “A Vif” (extrait de l’album À l’ombre du show business, 2008), Kery James mêle introspection et confession. Le rythme lent et le piano épuré appellent le recueillement, touchant la corde de la soul méditative. Les paroles résonnent comme une prière laïque adressée à la société.
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“Je suis de ceux qui cherchent la paix même si ma haine est légitime” – une phrase où l’on retrouve la tension fondamentale de la soul militante héritée de Marvin Gaye (“What’s Going On?”).
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Le recours à la première personne, la sincérité des émotions, tout cela dialogue avec l’art du torch song de Nina Simone, qui disait: “An artist’s duty, as far as I’m concerned, is to reflect the times.”
En s’éloignant d’un certain cynisme du rap français de la même époque, Kery James installe des silences, des pauses, des crescendos émotionnels qui sont des emprunts assumés à la soul, genre où chaque mot est pesant de sens.