La banlieue, matrice commune : genèse d’une parole engagée
La banlieue française n’est pas qu’un espace géographique, c’est une matrice sociale chargée de tensions, de promesses et d’injustices. Dès les émeutes de Vaulx-en-Velin en 1990 ou celles de Minguettes en 1981, le monde politique découvre ce que les associations font déjà : structurer la solidarité pour combler les failles du tissu social (Libération). Ces associations voient le jour dans l’urgence : Collectif Stop la Double Peine à la fin des années 1990, AC Le Feu en 2005, ou encore la Ligue des Droits de l’Homme investissant les quartiers lors des grandes crises.
C’est dans ce bouillonnement, entre La Villette et Orly, Vitry et Sarcelles, que la parole de Kery James se forge. Le rap devient alors la chronique, le manifeste, la mémoire - au diapason des mobilisations associatives qui dénoncent discriminations, violences policières, promesses non tenues de la République. En 2008, quand il sort "Banlieusards", la chanson devient un hymne, comme le sont les tribunes, communiqués et pétitions que publient les collectifs de quartiers.