L’école, territoire de la lutte sociale
Kery James inscrit l’école comme scène de front dans le combat contre l’injustice. Dans "Banlieusards" (2008), morceau devenu hymne, l’artiste scande : « Si t’es un banlieusard, montre-leur que t’as d’la valeur / Que t’es pas condamné à l’échec, que t’es pas celui qu’ils veulent que tu sois ». L’école y est désignée à la fois comme opportunité et comme miroir déformant des préjugés sociaux.
La stigmatisation, Kery James la connaît autant par expérience que par observation. À maintes reprises, il évoque le découragement des élèves issus de quartiers populaires, affectés par des attentes basses de la part de l’institution scolaire. Pourtant, son discours, loin de tout fatalisme, réaffirme la possibilité d’un horizon :
- Mérite et travail : Dans "Lettre à la République" (2012), il insiste sur l’effort et la dignité qui naissent de l’apprentissage, opposant la connaissance à l’assignation à résidence sociale.
- Résilience et représentativité : Il soutient celles et ceux qui deviennent "diplômés de la rue", valorisant le savoir acquis par l'expérience, mais sans jamais tomber dans l’anti-scolaire : l’idéal reste la conjugaison des deux.
Le travail du sociologue Paul Pasquali ("Passer les frontières sociales", 2021) fait écho au message de Kery James : pour les élèves issus de milieux défavorisés, la scolarité est autant un accès à la mobilité qu’à la reconnaissance. L’artiste, par ses textes, politise cette lutte souvent invisible.