Le souffle américain dans l’éveil de Kery James
Écouter Kery James, c’est entendre une France périphérique et lucide, oui, mais c’est aussi percevoir la résonance d’outre-Atlantique. Du béton des quartiers parisiens jusqu’aux faubourgs de Brooklyn ou de Los Angeles, les passerelles sont nombreuses, subtiles, parfois explicites. À l’orée des années 1990, la France découvre le rap, et Kery James, alors à peine adolescent, écoute frénétiquement ces disques américains qui circulent sous le manteau. Plus qu’un passe-temps, une révélation. Avant d’inventer sa voix, il s’imprègne de celles de l’Amérique noire : celles qui crachent la rage, déploient leurs colères, racontent la survie et les fiertés dans une langue syncopée, percutante.
Quels sont ces phares dont la lumière éclaire encore les textes de Kery James ? Quelles sont ces figures nord-américaines qui, dans l’ombre de ses couplets, murmurent souvenirs et modèles ? Les origines sont multiples, feudales parfois, mais certaines influences reviennent. Retour sur les rappeurs américains qui ont réellement marqué la construction artistique — et souvent politique — de Kery James.